Ce nouveau modèle est-il l’héritier du Defender ?

Vous trouvez le Defender original trop spartiate et le nouveau trop aseptisé ? Vous appréciez la Classe G de Mercedes-Benz ? Vous allez adorer l’Ineos Grenadier !

Vrai baroudeur thermique à l’ère des tout-chemin électrifiés, le modèle assume sa différence… Mieux ! Il la cultive, loin des sentiers battus et des injonctions environnementales.

Géant de la pétrochimie, Ineos se lance dans l’automobile. Enfin pas tout à fait puisque le groupe était déjà copropriétaire de l’écurie Mercedes F1. Cette fois, c’est loin des circuits qu’il présente son Grenadier, un aventurier comme on n’en fait plus (beaucoup), ce que regrettait visiblement Jim Ratcliffe, fondateur d’Ineos et grand fan du Defender.

Technicité

Richissime, l’homme a les moyens et l’ambition de réaliser ses rêves. En 2017, il fonde Ineos Automotive Ltd. Trois ans plus tard, la jeune division dévoile le Grenadier, un 4X4 pur et dur. Il y a d’abord le style. Un bien grand mot s’agissant du Grenadier. Brut, cubique, monolithique, l’engin semble taillé pour durer, avec un dessin comme en font les enfants. Intemporel.

Il y a ensuite la partie technique. Châssis-échelle, panneaux de carrosserie en aluminium, transmission intégrale permanente, boîte automatique à huit rapports ZF, différentiels avant et arrière (optionnels) Eaton, boîte de transfert Tremec, ressorts Eibach et amortisseurs Koni. On vous a gardé le meilleur pour le fin : moteurs BMW… Six cylindres en ligne, de 3.0 litres, essence ou diesel.

Robustesse

Sur le papier, cet Ineos Grenadier a donc tout ce qu’il faut pour briller. Loin du bitume du moins, son biotope. Contrairement à ses concurrents, l’engin est d’abord là pour en découdre… Dans la boue, la rocaille, le sable ou la neige, et de préférence dans les pires positions. Tout a été pensé pour cela… Un habitacle brut et d’apparence rustique, à nettoyer à la lance à eau, de gros boutons qu’on peut manipuler avec des gants et une finition qui devrait lui permettre d’aller loin et de résister longtemps. Il y a aussi ce parti pris, presque anachronique, qui lui fait privilégier (là où c’est possible) l’analogique au numérique, histoire de maximiser la fiabilité et la réparabilité, même dans les contrées les plus retirées. Capable de s’aventurer dans 80 cm d’eau et de tracter 3,5 tonnes, le Grenadier s’équipe en option de treuils dissimulés derrière les boucliers et capables de tirer 5,5 tonnes. Enfin, son coffre embarque plus de 2 035 litres et une euro-palette dans sa version utilitaire 2 places.

Authenticité

Comme on pouvait s’y attendre, l’évolution sur terrain meuble, gras, ou à forte déclivité est un jeu d’enfant… Cet engin vous donne l’impression d’avoir de l’expérience et du talent, et le sentiment que rien ne peut vous arriver. Les 550 Nm de couple du diesel bavarois lui permettent d’évoluer sur un filet de gaz, et les blocages de différentiels concentrés au niveau du plafonnier sont moins là pour assurer que pour rassurer.

La fiche technique nous faisait en revanche craindre le pire au moment d’emprunter les quelques portions goudronnées de notre parcours d’essai. Le premier virage est d’ailleurs négocié en deux fois tant le direction est démultipliée. L’absence de retour nécessite d’ailleurs de « raccompagner » volant et train avant jusqu’au point milieu. Déconcertant. Pour le reste, que des bonnes surprises ! Le confort d’abord… Les tressautements et autres soubresauts habituellement ressentis à bord de ce genre d’engin n’ont ici pas droit de cité. C’est doux, parfaitement amorti, presque moelleux. Il y a aussi l’absence complète de vibration au niveau du mobilier et l’excellent maintien des sièges Recaro. Il y a enfin la force et la douceur du six cylindres BMW, sans doute le meilleur motoriste du monde, est-il encore besoin de le rappeler.

A l’issue de ce bref essai, on redescend de l’engin (cela n’a jamais été aussi vrai) avec une impression de grande cohérence et des envies d’évasion. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître !

D’abord taillé pour les professionnels et le dur labeur, le Grenadier pourrait aisso séduire un public en quête d’évasion et d’authenticité…